MEDZ YEGHERN: LE GRAND MAL

Le parcours émouvant d’Aram, Murat et Sona alors que l’Empire ottoman organise le massacre des Arméniens. Un récit bouleversant qui lève une chape de silence sur le génocide.

Avec ces 144 pages au format du roman graphique n’a a priori rien d’imposant. Et pourtant la couverture sanglante donne le ton: un soldat turc tenant une tête qu’il vient de trancher avec son sabre. L’Italien Paolo Cossi raconte ni plus ni moins le génocide arménien organisé par le gouvernement turc durant la Première Guerre mondiale, « Le grand mal » (« Medz Yeghern » en arménien) comme l’appelle la diaspora arménienne.

Dans cet album en noir et blanc, au trait simple et au décor épuré, l’on suit tour à tour, découpé en plusieurs chapitres, plusieurs personnages qui par ce qu’ils vivent nous font comprendre les différents aspects de la tragédie. Il y a par exemple Aram, jeune soldat qui échappe par miracle au massacre de son bataillon et qui ira rejoindre les résistants aux côtés de Murat, un jeune Turc opposé à la solution finale.Il y a aussi Sona, dont la riche famille est exterminée ou bien Armin T.Wegner, jeune sous-lieutenant allemand qui apporte son témoignage photographique…

Paolo Cossi n’a pas cherché à préserver le lecteur: les scènes sont d’une cruauté inouïe et pour certaines simplement insupportables. Parfois le dessinateur déforme les corps pour accentuer encore l’effet dramatique. Certes, des scènes d’amitié parsèment ça et là les planches et permettent de souffler un peu mais on sort de cette bande dessinée totalement révolté… mais désormais complètement conscient de cette tragédie.

Au terme du massacre des Arméniens, on compta environ 1,2 million de morts. A ce jour, le gouvernement turc n’a toujours pas reconnu le génocide.

Dargaud

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