LES CAMELEONS

Ambition, passion, vengeance, meurtre et enquête s’entremêlent avec en toile de fond, la France meurtrie d’après-guerre. Un premier album au graphisme et au scénario réussi.

Paris, 1921. La Première guerre mondiale est terminée depuis quelques années et la vie a repris son cours. Elsa, fille du propriétaire d’une célèbre galerie d’art, s’est remariée avec Théo, l’un des compagnon d’armes de son mari, Vincent, disparu à la guerre. Théo est sur le point de prendre la relève du père d’Elsa quand un fantôme qu’il voudrait oublier surgit du passé. Théo est-il vraiment le soldat héroïque et le peintre talentueux qu’il veut nous faire croire?

Pendant la guerre, des soldats artistes que l’on appelait les « Caméléons » étaient spécialisés dans le camouflage et le trompe-l’œil. A ce régiment appartenaient entre autres Vincent et Théo (on notera le clin d’œil fait à Vincent Van Gogh et à son frère Théo, marchand de tableaux et collectionneur). Mais si par de réguliers flash-backs, on pénètre dans l’horreur de la guerre et on se rend compte des traumatismes qu’elle a pu engendrer, ce n’est pas là le sujet de l’histoire. « Les Caméléons » traite plutôt des passions humaines: l’amour, la jalousie, la trahison, la vengeance…

Le scénario est bien ficelé, sans réel coup de théâtre final – la fin est un peu prévisible – mais avec suffisamment de suspense distillé tout au long du récit pour garder l’intérêt du lecteur intact. On comprend petit à petit les liens qui unissent tous les personnages entre eux et le piège dans lequel va tomber Théo.

Le dessin de Fabrice Le Hénanff, qui rappelle celui de Sorel (« Typhaon »), est très beau avec des couleurs froides et dures qui restituent bien l’ambiance. Les scènes évoquant la guerre, les tranchées et la mort, sont d’ailleurs particulièrement réussies, tant du point de vue de la couleur que du découpage des planches.

Un duo d’auteurs convaincant qui signe ici leur premier album.

Casterman

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