LE PHOTOGRAPHE – Tome 2

Deuxième tome de cette BD-reportage sur les traces d’une équipe de médecins dans les montagnes afghanes. Un témoignage poignant et bouleversant alliant dessins et photos. A lire absolument.

Quelques secondes d’hésitation avant d’ouvrir ce deuxième tome du « Photographe »… Sans doute, la crainte d’être déçu après un premier opus remarquable qui a d’ailleurs obtenu le Prix Canal BD 2004 décerné par la presse et les libraires. 80 pages après, toutes les craintes se sont envolées. On reste bouleversé. Sous le choc.

Le premier tome racontait le périple d’une équipe de Médecins Sans Frontières et d’un photographe pour rejoindre un hôpital de fortune perdu dans les montagnes afghanes, en pleine guerre avec les Soviétiques. Dans ce 2e tome, l’équipe de MSF arrive enfin au village de Zaragandara. La nouvelle de l’ouverture de l' »hôpital » se répand très vite et, avec les moyens du bord, l’équipe médicale doit rapidement composer avec petits bobos et blessures de guerre gravissimes.

Le mélange original des dessins en couleurs de Guibert et des photos en noir et blanc extraites des planches contact de Lefèvre fonctionne toujours aussi parfaitement.
Ces deux formes d’art sont complémentaires et ont chacune leur force: les photos sont à la fois belles et dures, certaines scènes seraient même insoutenables – notamment cet enfant qui arrive le bas du visage arraché par un obus – si le noir et blanc ne les rendait pas plus supportables. Les dessins viennent faire le lien entre elles lorsque le photographe n’a pas appuyé sur le déclencheur ou pour apporter quelques explications. Les anecdotes racontées par les membres de l’équipe ou par le photographe nous apprennent d’ailleurs une foule de choses méconnues sur le pays, comme le rôle de la femme, le port du chadri (ce vêtement ample couvrant le corps et la tête, muni d’une ouverture « grillagée » à hauteur des yeux) ou la vie des paysans afghans.

Les cases dessinées servent aussi à exprimer les sentiments, les émotions de Didier Lefèvre qui fait office de narrateur. Ce qu’il vit et ressent, on le vit également. Sa détresse face à une adolescente qui restera paralysée après avoir reçu un éclat d’obus dans la moelle épinière; son admiration pour le travail effectué par Juliette, Régis, John, Robert et les autres qui se battent jusqu’au bout pour sauver des vies; son envie de rentrer en France après trois mois d’un voyage éprouvant… tout cela « Le Photographe » parvient à le transmettre avec force au lecteur.

Le troisième et dernier tome racontera le voyage de retour du reporter-photographe. On sait désormais qu’on ne sera pas déçu.

Dupuis

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