LE MINUSCULE MOUSQUETAIRE – Tome 2. La Philosophie dans la baignoire

Voyages oniriques au fond d’une baignoire pour notre (minuscule) mousquetaire d’opérette qui, dans ce 2e opus, n’a qu’une obsession : le sexe. Des dialogues truculents, un texte ciselé, une imagination débordante… Du grand Sfar.

D’aucuns pratiquent la philosophie de comptoir, d’autres la préfèrent dans la baignoire. C’est le cas de notre minuscule mousquetaire qui, en voulant faire ses ablutions dans une baignoire en marbre magique, se retrouve plongé dans un drôle d’univers sous-marin, peuplé de personnages étonnants: de jeunes éphèbes grecs philosophant au café du commerce, un(e) Sphinx mélancolique, une Gorgone au corps irrésistible, une bibliothécaire qui ne peut faire l’amour qu’en écoutant de la philosophie ou une reine des Cosaques peu encline à se laisser conter fleurette.

Le Minuscule Mousquetaire c’est un peu du Alexandre Dumas ou du Lewis Caroll, un mélange de Casanova, Porthos et Alice au Pays des Merveilles. D’ailleurs ce fier bretteur ne s’est-il pas retrouvé réduit à la taille d’un petit pois après avoir absorbé une potion censée le faire maigrir? Propulsé alors dans une « petite France » du XVIIIe siècle, régie par des femmes, et embauché comme modèle dans une Académie artistique, il aurait pu y voir une atteinte à sa virilité. Que nenni, notre mousquetaire lilliputien s’accommode finalement plutôt bien de sa condition qui lui permet de se promener nu comme un ver tout au long de l’album et de disserter – tout en le pratiquant le plus souvent possible ! – sur le sexe.

Comme souvent chez Sfar, le sujet n’a rien de tabou (« Les olives noires », « Socrate le demi-chien », etc). Il est matière à réflexion, il fait sourire aussi, de façon assez crue mais toujours sans vulgarité. Les dialogues eux-mêmes sont savoureux et pittoresques, tout à fait dans la réjouissante tradition rabelaisienne. Beaucoup repose sur eux d’ailleurs: l’album n’est pas bâti sur un scénario réellement construit mais plutôt sur une succession de rencontres qui servent à confronter points de vue et idées.

Sa magie du verbe, son goût pour la réflexion, Sfar nous les avait déjà montrés dans ses albums précédents. « Le Minuscule Mousquetaire » vient une nouvelle fois confirmer l’immense talent d’un auteur pour qui BD ne rime pas seulement avec dessin.

Dargaud

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