LE DIVIN

Des mercenaires américains venus faire sauter une montagne en Asie se retrouvent face à un groupe d’enfants-soldats aux pouvoirs surnaturels. Un récit percutant.

Mark, spécialiste en explosifs, mène une vie tranquille avec sa femme enceinte. Jusqu’au jour où il accepte une mission secrète pour le compte du gouvernement américain en Asie du Sud-Est. Payé 45.000 dollars, le contrat est simple: faire sauter un tunnel de lave pour lancer l’exploitation du minerai sans s’embarrasser des populations locales. Mais ils vont tomber sur une bande de gamins armés dirigée par deux drôles de jumeaux.

C’est un cliché célèbre dans le monde entier qui a servi de point de départ à l’histoire imaginée par trois Israéliens dont les jumeaux Tomer et Asaf Hanuka. Celle d’Achipart Weerawong, qui représente Johnny et Luther Htoo, des jumeaux de 12 ans, dont l’un faisant bien plus que son âge est en train de fumer une cigarette. Le cliché du photographe d’Associated Press a été pris en janvier 2000 juste après un raid de l’armée thaïlandaise contre un hôpital où ces deux enfants-soldats avaient pris 800 personnes en otage. Depuis la fin des années 90, ils étaient à la tête de l' »armée de Dieu », un groupe d’une centaine de réfugiés Karen originaires de Birmanie orientale combattant l’armée birmane qui leur avait confisqué leurs terres.

Le récit ne se veut pourtant pas réaliste, il ne raconte pas non plus la fameuse prise d’otages ni pour qui se battent vraiment les gamins. Bourré d’action, il bascule en revanche assez vite dans le fantastique, les auteurs s’étant largement inspirés de la légende qui entourait les frères Htoo: dotés de pouvoirs surnaturels, ils étaient invulnérables aux balles et aux mines et connaissaient la bible par coeur sans l’avoir lue. Se croisent donc dans « Le Divin », des enfants-soldats, des occidentaux, des statues géantes animées et un mystérieux dragon.

Si le manichéisme des personnages – Mark l’occidental trop naïf et son collègue Jason le mercenaire sans scrupules – fait un peu tiquer, si le scénario s’avère au final assez basique, l’album est efficace. Forts de ses expériences dans les jeux vidéos ou les comics, le trio israélien signe en effet des planches hyper rythmées avec des cases à dominante verdâtre étonnantes et des scènes archi-violentes spectaculaires aux cadrages variés. Cette plongée en enfer déroutante paraît en avant-première en France puisque l’album ne sortira aux Etats-Unis qu’à l’automne 2015.

Dargaud

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