LA VÉNITIENNE – Tome 1. La colombe noire

Fin du XVe siècle. Une bande de bandits sans scrupules décide d’enlever la nièce du Doge de Venise contre rançon. Une aventure dynamique mais trop touffue.

Alors que les Turcs et les Français sont aux portes de la majestueuse Venise de la toute fin du XVe siècle, en ses murs la cité offre deux visages: d’un côté, une noblesse qui organise de somptueuses et dispendieuses fêtes, de l’autre des brigands multipliant enlèvements et meurtres pour quelques ducats. A l’occasion d’une grande réception organisée par la nièce du Doge, le chef des bandits du royaume souterrain décide de s’inviter et de kidnapper la belle…

« La Vénitienne » démarre sous de bons auspices: la description d’une Venise à la fois fastueuse et miséreuse et des personnages hauts en couleur captent immédiatement l’intérêt. Une nièce exhibitionniste et nymphomane, un séduisant mais cruel bandit et sa bande sans foi ni loi qui jouent aux dés le sort de leurs victimes, un marquis sodomite… Patrice Ordas (« Les cendres du ciel », « Le fils de l’officier ») commence par leur donner une belle épaisseur psychologique. Malheureusement, une fois l’album refermé, on est un peu moins convaincu. A cette simple histoire de kidnapping, se sont greffés entre-temps des manoeuvres politiciennes, un légat du pape corrompu et des étudiants protestant contre l’interdiction de livres par l’Eglise, le tout sur fond de facture sociale et de religion. Bref, cela finit par faire beaucoup et il faut un peu d’effort pour ne pas s’y perdre.

Cette impression de fourre-tout est renforcée par le dessin de Laurent Gnoni (« Hanté ») qui signe des planches semi-réalistes classiques et agréables mais qui manquent parfois de lisibilité – notamment dans les scènes d’action – et souffrent de quelques problèmes de proportions. En outre, le dessinateur a beau avoir voulu « planter une ambiance » et non chercher la « vraisemblance », les costumes féminins et le caractère vraiment très émancipé des jeunes femmes ont du mal à convaincre. On reste avec l’impression étrange et dérangeante d’avoir affaire à un récit très réaliste se déroulant dans un cadre historique mais sans la rigueur documentaire qui va avec.

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