LA PENSION MOREAU – Tome 1. Les enfants terribles

Le jeune Emile, mutique et dessinateur compulsif, est envoyé par ses parents dans un centre de rééducation pour enfants difficiles. Premier tome intriguant d’un triptyque jeunesse oppressant et tragique.

Parce qu’Emile ne parle presque jamais, qu’il fugue souvent et qu’il ne fait que dessiner, ses parents décident de l’envoyer (définitivement!) à la pension Moreau, un établissement qui accueille les enfants « difficiles » pour les remettre sur le droit chemin, moyennant finance… Dès son arrivée, l’enfant timide découvre les corvées, les humiliations au quotidien et les séjours au cachot en guise de punition.

Premier tome d’une trilogie pour la jeunesse, « La pension Moreau » n’a rien d’une joyeuse comédie. Pas d’humour ni de moments vraiment légers, l’atmosphère qui se dégage des planches est même plutôt oppressante, renforcée par les couleurs sombres et froides de Marc Lizano (« L’enfant cachée »). Pour son scénario, Benoît Broyart s’est inspiré d’un poème de Jacques Prévert (« Chasse à l’enfant »), écrit après un fait-divers datant de 1934, à Belle-Ile-en-Mer, où 56 enfants s’échappèrent d’un bagne avant d’être pourchassés par les habitants de l’île et les touristes en échange d’une prime de 20 francs par tête. Mais pour l’heure, point encore de fuite ou de révolte, Benoît Broyart s’attèle à décrire la dure vie dans cette « pension » et la solidarité qui règne entre les pensionnaires. Si on peut regretter qu’il se passe finalement peu de choses, cette longue introduction est vivante et permet au jeune lecteur à partir de 8 ans de s’attacher aux enfants et d’insister sur leur caractère, soumis ou révolté face aux brimades.

D’ailleurs si les gamins campés par Marc Lizano sont de petits humains (à la tête disproportionnée certes, correspondant au style du dessinateur), le personnel de la pension est sans exception constitué d’animaux à l’air patibulaire. Un choix étonnant et encore mystérieux qui permet en tout cas de déshumaniser encore davantage ces adultes que sont le directeur (un hibou), le professeur (un renard), le maton (un phacochère) ou bien l’intendant (un loup). « La pension Moreau » n’a pas livré tous ses secrets.

Dessinateur: Marc Lizano – Scénariste: Benoît Broyart – Editeur: Editions de la Gouttière – Prix: 14 euros.

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