LA MORT BLANCHE

Les faits d’armes d’un bataillon italien contre les troupes austro-hongroises dans les montagnes alpines pendant la Première Guerre mondiale. Un récit de guerre puissant.

Année de commémoration du centenaire de la guerre 14-18, 2014 compte déjà une bonne série de livres et de bandes dessinées sur le sujet. « La mort blanche »est de ceux là mais il serait dommage de passer à côté. Cette réédition de 1998 ne s’intéresse pas à la guerre côté français mais au front transalpin et les faits d’armes d’un bataillon italien contre les troupes austro-hongroises sur les sommets glacés des montagnes du Trentin, des Dolomites et du Caporetto. Sous le commandement du cruel sergent Orsini, le soldat Pietro Aquasanta va mettre en place une stratégie payante: provoquer des avalanches (appelées la « mort blanche »dans les Alpes) par des tirs de canon afin d’ensevelir l’ennemi. 60 à 100.000 soldats auraient été tués dans ces avalanches délibérées.

La guerre dans toute son horreur: les corps à corps, la mort, les mutilations, la solitude, le désespoir, les soldats sacrifiés par de hauts gradés loin du front… mais aussi la camaraderie. Robbie Morrison (auteur de comics écossais qui a notamment écrit des scénarios de « Dr Who » et de « Judge Dredd ») n’oublie aucun aspect du cauchemar. Le ton est désabusé, le dénouement forcément tragique. Mais la force du récit tient surtout au travail de Charlie Adlard (le dessinateur « X-Files » et de son futur « Walking Dead ») qui s’est essayé ici à un mélange de fusain et de craie sur papier gris, seul le blanc éclatant de la neige tranchant avec la grisaille de la guerre. Un bel hommage que cet album à un pan méconnu de la Première Guerre mondiale.

Delcourt

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