LA MALÉDICTION DE GUSTAVE BABEL

Quand Gustave Babel, ancien tueur à gages, est abattu par son ancienne organisation mafieuse, il voit son existence hors du commun défiler devant ses yeux. Un récit singulier par lequel il faut se laisser happer. Captivant.

Argentine, 1925. Ancien tueur à gages dont la capacité de parler toutes les langues lui permet de remplir des contrats dans le monde entier, Gustave Babel vient d’être retrouvé par La Pieuvre, l’ancienne organisation mafieuse pour laquelle il travaillait. Touché d’une balle en plein coeur, il voit dans ses derniers instants sa vie défiler.

Pour son premier album solo, Gess (« La brigade chimérique », « Carmen McCallum », « L’esprit du 11 janvier ») signe un one-shot singulier au graphisme très personnel. Rehaussé par des planches monochromes dans des tonalités de bleu ou d’ocre, bien composées, le trait est précis, les visages sont très expressifs, les arrière-plans soignés. Après un début déroutant où l’on ne sait pas bien où Gess veut nous amener, la magie opère et l’intrigue s’avère passionnante, progressant avec régularité et cohérence et jouant sur une série de contrastes. Contraste entre la réalité et l’onirisme d’abord, entre les scènes du Paris glauque du début XXe et les cauchemars de Babel qui lui révèleront peu à peu son passé caché. Contraste entre le métier de notre héros et ce qui se dégage de lui peu à peu, entre son attitude austère et sa bienveillance envers ses amis. Contraste enfin entre la dureté de l’histoire et l’atmosphère poétique de l’ensemble, entre la violence des personnages et les vers des « Fleurs du mal » de Baudelaire que récite régulièrement Babel. Une belle surprise donc que cette « Malédiction de Gustave Babel ». A noter en outre le joli travail fait sur le livre lui-même avec son dos toilé et sa couverture en relief.

Dessin et scénario: Gess – Editeur: Delcourt, collection Machination – Prix: 22,95 euros.

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