LA GRANDE PAGAILLE DU DILETTA

Un producteur de TV mégalo et sans scrupules va imaginer un nouveau média bien plus puissant que la télévision. Une incroyable fable visionnaire signée du « dieu du manga ».

Producteur génial mais mégalo, Ishiro Monzen flaire le bon filon avec Nagisa Harumi. Cette ingénue à la voix d’or est certes vraiment très laide le ventre plein mais elle se transforme en une magnifique jeune femme lorsque son ventre crie famine… Hors de question que son amoureux vienne contrecarrer ses grands projets…

Le père d' »Astro Boy » décédé en 1989 était décidément un visionnaire. En 1968, c’est-à-dire bien avant internet et les mondes virtuels, Tezuka écrivait « La grande pagaille du Diletta ». Au fil de ce pavé de 400 pages, celui qui a toujours montré un profond scepticisme envers la science et la civilisation nous dresse un drôle de portrait de notre monde. Celui d’une société du spectacle artificielle où les artistes ne sont que de purs produits marketing parfaitement formatés. Mais aussi celui d’un modeste mangaka (affublé d’un béret comme celui que porte Tezuka lorsqu’il se met en scène dans ses mangas) qui acquiert accidentellement la faculté (la « Diletta ») de pénétrer l’esprit des gens qui l’entourent et de leur faire partager ses rêves les plus délirants. Impossible ici de ne pas être bluffé par la pertinence de la réflexion d’Osamu Tezuka sur les médias, sur leur capacité à dominer l’esprit humain. Fluide et plein d’humour, l’album est à la fois dingue et cohérent. Le trait est simple mais efficace.

Après « Debout l’humanité ! », « Alabaster » et « L’Homme qui aimait les fesses », les éditions FLBLB nous font découvrir un quatrième manga du « dieu du manga », inédit en France. Une chance à savourer.

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