LA FILLE DU YUKON – Tome 1. Les escaliers d’or

Deux jeunes amoureux quittent en catimini Seattle pour le Grand Nord canadien et ses promesses d’or. Une nouvelle saga qui promet – sur fond de fresque historique – de mettre en scène de passionnants destins.

Nous sommes en 1897 à Seattle. Contre la volonté de son père, Christina aime Justin et se laisse convaincre de s’enfuir avec lui pour le Yukon et la rivière Klondike où les attendent l’or et le bonheur. Mais leur escapade commence mal: le train qui les emporte déraille à la suite d’une avalanche. Les survivants sont peu nombreux. Parmi eux, Lew un homme d’affaire à la recherche de sa femme, et Alison, une fillette abandonnée par son oncle dans le train, que Christina prend sous son aile.

Le Nouveau Monde, et en particulier l’époque de la Ruée vers l’or, inspire décidément Thirault dont la série « Trafiquants d’espérance » montrait déjà le travail harassant des chercheurs d’or, la misère et les maladies. Ce premier épisode de « La fille du Yukon » se situe un peu en amont puisqu’on suit les prospecteurs tenus de hisser leur matériel au sommet d’une montagne (« les escaliers d’or »), avant de poursuivre leur chemin dans le climat glacial du Grand Nord canadien vers le filon tant espéré. Mais les conditions sont déjà rudes et les constitutions les plus fragiles ne résistent pas.

Soutenu par le dessin extrêmement classique et réaliste de Radovic, l’album prend l’allure d’une aventure historique. A cela s’ajoute un côté plus romanesque avec les deux fugueurs qui ignorent encore que plusieurs personnes sont sur leurs traces: d’une part le détective privé engagé par le père de Christina pour retrouver sa fille; de l’autre, Sydney (enceinte jusqu’aux dents de Justin) et Doug, deux anciens associés du jeune homme, apparemment décidés à lui faire payer quelque chose. Ce côté là est prometteur aussi malgré des ficelles énormes qui décrédibilisent un peu le scénario: à titre d’exemple, le privé retrouve la trace de Christina et Justin en repérant dans la liste des voyageurs d’un train le faux nom sous lequel ils se sont inscrits (M et Mme Stanfield). Comment? Tout simplement, parce qu’il avait pris soin de demander au père de Christina quel était le livre préféré de la jeune femme: « La saga des Stanfield »…. Cela laisse un brin sceptique.

Heureusement, tout n’est pas aussi « facile » et transparent dans cet album. Si le personnage de Christina semble pour le moment se résumer à celui de la jeune fille naïve et amoureuse, celui de Justin est en revanche beaucoup plus complexe. Thirault nous laisse ainsi entrevoir dès le début un jeune homme menteur et particulièrement fourbe qui n’hésite pourtant pas à venir en aide à un vieil homme harassé. D’autres protagonistes, à peine esquissés ici, promettent de prendre davantage de place dans les tomes suivants, à l’instar de Lew et de sa femme que l’on entr’aperçoit en fin d’album. D’ailleurs, le héros de cette saga n’est peut être pas ce que nous laisse croire ce premier épisode. Alléchant, le texte de quatrième de couverture promet en effet de donner le beau rôle aux femmes: « Elles cherchent l’or, l’amour, la vengeance ou l’oubli. Elles vont s’allier, s’affonter, se déchirer et se perdre dans l’enfer blanc ».

Au total, la série est prévue sur deux cycles. Le premier, constitué de trois volumes et qui se déroule donc à la fin du XIXe siècle, puis le second (deux tomes) qui se situera quelques années plus tard pendant la Première Guerre mondiale.

Dupuis

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