LA FILLE AUX IBIS

L’histoire roumaine à travers un homme brisé, à la recherche d’un amour symbole de son passé.

Professeur de littérature en Roumanie, Stoian Mirtzu a passé dix ans derrière les barreaux. Officiellement pour avoir flirté avec une élève mineure, en réalité à cause de ses idées libérales difficilement acceptables par le régime de Caucescu. Lorsqu’il sort enfin de prison, il n’a plus qu’une seule idée en tête: retrouver sa jeune élève, Rodica, dont le souvenir lui a permis de tenir pendant sa détention. Son seul indice est un timbre-poste sur lequel il croit l’avoir reconnu.

A la fois scénariste de bande dessinée, prof d’histoire et accompagnateur de voyages, Franck Giroud privilégie dans ses récits l’Histoire (l’Indochine avec « Les Oubliés d’Annam », l’Algérie avec « Azrayen »…). « La fille aux ibis » (paru initialement en 1993 et aujourd’hui réédité en couverture souple) est de ceux là.

A travers un homme brisé, à la recherche d’un amour symbole de son passé perdu, c’est un pan de l’histoire roumaine qui est décrit en filigrame: la politique architecturale absurde du « conducator » qui a défiguré Bucarest, la misère, les difficultés à obtenir un visa et les émeutes meurtrières jusqu’à la chute de la dictature de Caucescu en décembre 1989. Viennent ensuite les espoirs de tout un peuple, confiant en l’avenir et en la liberté retrouvée. Puis ses désillusions: lorsque le récit s’achève, la viande est toujours hors de prix et l’armée reste omniprésente dans les rues.

Les événements de 1989, Stoian et Rodica les vivent plutôt en observateurs, mais jouant sur la véracité des situations et le réalisme des personnages, les auteurs parviennent à nous restituer toute l’ambiance de cette période, sans que cela ressemble à un cours d’Histoire ennuyeux. En outre, les flash back – avant et pendant la détention de Stoian – sont nombreux mais ne nuisent pas à la lisibilité de l’histoire

« La fille aux ibis » avait reçu le prix France Info au Festival d’Angoulême de 1994.

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