JUNK LOVE

Une tranche de la vie de deux jeunes gens réunis pour une histoire d’amour démarrée via internet et sur un malentendu… Une construction intéressante mais un récit global trop mou.

Primée à plusieurs reprises en Corée, Chaemin publie ici son premier roman graphique. Dans « Junk Love », Ho-Gyeong pose nue dans un atelier de peinture pour payer ses cours de comédie. Elle rencontre via un groupe de discussion sur internet Min-Gyu, un jeune homme qui vient d’arrêter ses études de droit et vivote de petits boulots. Leur vraie rencontre naitra elle d’un malentendu: lorsqu’il l’invite à prendre un verre, il confond son pseudo avec celui d’une autre…
« Je suis une femme qui se dénude pour gagner sa vie. Et voici l’homme qui me bouffe la vie. » Première page, première phrase, le ton est donné, il ne s’agira pas d’une histoire d’amour en forme de conte de fée. D’ailleurs « bouffer » est bien le mot car cette tranche de vie entre deux êtres est rythmée par la nourriture. Celle qu’ils se partagent après des tensions ou une dispute. Celle qui leur offre un point commun, leurs sorties en couple se résumant finalement à aller chercher à manger ou faire les courses au supermarché.

Derrière ce manque de passion manifeste, on sent que les sentiments que les deux jeunes gens éprouvent sont plus compliqués qu’il n’y parait, chacun cherchant trop à se protéger lui-même pour oser se confier. Reste qu’en tant que lecteur, les personnages n’ont guère de charisme – elle dans cette passivité défaitiste et lui dans le rôle du profiteur parasite – et le récit s’écoule lentement et on finit par s’ennuyer. En revanche, outre un dessin en noir et blanc au tramage discret, on retiendra l’idée intéressante dans la construction: le récit est certes chronologique mais entrecoupé de flash-backs qui sont en fait la scène vécue juste avant mais du côté du personnage opposé. Une astuce qui permet du coup de répondre au questions que l’on se pose lors de la première version de la scène.

Casterman

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