DONJON MONSTERS – Tome 8. Crève-coeur

La série s’enrichit d’un nouveau tome qui place au cœur de l’action la sulfureuse Alexandra. Un album dessiné par Nine, très différent des premiers, déroutant même. Mais à ne pas manquer comme les autres.

Situé à la période Potron-Minet (celle de la genèse du donjon), ce nouvel opus de l’univers des « Donjon » met en avant Alexandra. La sulfureuse et sculpturale aventurière dévoile comment elle a intégré la Confrérie des Tueurs et nous emmène dans les bas-fonds d’Antipolis.

On attendait avec impatience d’en savoir davantage sur, sans doute, le personnage le plus mystérieux (et sensuel!) de la série. Pour ce faire, Sfar et Trondheim ont laissé les commandes à Carlos Nine, suivant le principe des « Donjon Monsters » qui donne le crayon à un nouveau dessinateur à chaque tome. L’expérience Nine est étonnante à plus d’un titre:

A cause du procédé narratif d’abord. Les dialogues sont pratiquement inexistants et l’histoire est racontée en « voix-off » par Alexandra elle-même. C’est un peu monotone à la longue même si le récit parvient à rester dynamique.

Etonnant à cause du dessin ensuite. Le style de Nine (« Le canard qui aimait les poules ») est un peu confus. Le dessin tout en hachures donne une sensation de crayonné, de brouillé. On devine les personnages, leurs traits mais guère plus. Cela vaut moins pour Alexandra (et ses rondeurs) prise dans des postures très théâtrales, que pour les autres personnages et le décor. En effet, ce dernier manque de détails en particulier dans les vues d’Antipolis. De plus, le dessin de Nine aurait certainement mieux supporté le noir et blanc car les couleurs, un peu criardes, ne collent pas vraiment au côté glauque de l’histoire.

Etonnant enfin à cause du scénario. « Crève-cœur » n’est pas un Donjon qui fait rire. Bien loin du 6e tome (« Ramdam chez les brasseurs » avec l’inénarrable Grogro chargé d’aller chercher de la bière à Zautamauksime, la ville des lapins) ou même du 7e (« Mon Fils le Tueur »), ce dernier opus adopte un ton grave inédit et raconte une histoire sordide. Mais après tout, pourquoi pas un Donjon qui se prend au sérieux pour changer? D’ailleurs le scenario est très prenant, d’autant que les recoupements avec les autres tomes sont nombreux. Et puis surtout la représentation d’Alexandra est pleine d’émotion. Derrière ce mélange de guerrière aventurière et de femme fatale, se dévoile une jeune femme blessée dans son âme.

Alors même si « Crève-cœur » n’est pas le meilleur album de la série, il nous prouve que les « Donjon » parviennent encore à se renouveler, dans la narration comme dans le dessin. Et au bout du 8e album, c’est plutôt bon signe.

Le site officiel des « Donjon »
Delcourt

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