DANS LA COLONIE PENITENTIAIRE de Franz Kafka

Un officier dévoile à un visiteur le fonctionnement d’une stupéfiante machine de torture. L’adaptation réussie d’une oeuvre dérangeante de Kafka.

En visite dans une colonie pénitentiaire, un voyageur est appelé à donner son avis sur une extraordinaire machine de torture et d’exécution dont le rôle est de graver la sentence dans la chair du condamné jusqu’à ce que mort s’ensuive…

Mettre en images cette oeuvre de Kafka publiée en 1919 était un pari osé, tenté au sein de la collection Ex-Libris dirigée par Jean David Morvan qui s’est donnée pour objectif de proposer des adaptations fidèles de romans.

Osé car cette courte histoire absurde qui se déroule dans un lieu unique – devant la fameuse machine plantée dans un décor aride – avec une poignée de personnages, nous offre en fait un quasi monologue sur une quarantaine de pages. Si la description de la machine suffit en elle-même à provoquer malaise et nausée à tout lecteur normalement constitué, Ricard et Maël (le duo de « Rêves de Milton ») ne lésinent pas sur les moyens pour en accentuer l’effet: gros plans sur le visage du militaire faisant la démonstration de la machine et sur les yeux ahuris du condamné, insupportables vrombissements de la machine en marche, couleurs déplaisantes voire agressives de certaines cases. L’officier lui même a quelque chose d’inhumain dans son physique: silhouette sèche, visage dur, longs bras effilés comme celles d’un pantin…

Pari osé mais donc réussi pour cette adaptation d’une oeuvre dérangeante de Kafka qui traite avec cynisme d’inhumanité et de lâcheté.

Delcourt

Share