CIGISH OU LE MAITRE DU JE

Divorcée, mère et déprimée, Florence décide de se comporter dans la vraie vie comme Cigish, son avatar de jeux de rôles. Récit autobiographique gentiment barré.

En pleine crise existentielle, Florence ne supporte plus de se faire marcher sur les pieds et de subir sa vie. Elle décide donc de devenir dans la réalité le personnage qu’elle incarnait quelques années auparavant dans ses parties de jeux de rôle: Cigish Hexorotte, nain du Mordor nécromancien astrologue prophète de niveau 19 1/4, qui a choisit son camp: le Mal.

Mélange un peu déstabilisant au début entre réalisme et second degré, entre autobiographie et éléments fictionnels, Florence Dupré La Tour (« La sorcière du placard aux balais », « Tu mourras moins bête ») livre ici une épaisse compilation en noir et blanc de ses planches parues sur son blog. Lorsqu’elle incarne Cigish, ses traits changent, se font plus grossiers, elle devient un personnage grimaçant aux allures de nain et adopte un ton acide avec lequel elle n’hésite pas à déverser sa bile sur un peu tout le monde, y compris les professionnels de l’édition et les fans du 9e art.

Les situations et les attitudes de Florence alias Cigish séduiront certainement les rôlistes qui se retrouveront en elle, tandis que les autres en apprendront un peu plus sur cette communauté de joueurs méconnue. Petit plus, « Cigish ou Le Maître du Je » est entrecoupé à intervalles réguliers de virulents commentaires d’internautes. Ça réagit, ça débat, ça s’invective, cela renforce aussi le côté décalé de cet album original et dense.

Dessin et scénario: Florence Dupré La Tour – Editeur: Ankama, label 619 – Prix: 15,90 euros.

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