BULLES & NACELLE
Charlie est une petite souris solitaire, un écrivain ébranlé par l’angoisse de la page blanche. Un récit tendre et émouvant sur la solitude et le processus créatif.
On se souvient de l’envoûtant « Betty Blues », salué au Festival d’Angoulême par le prix du meilleur premier album en 2004, l’histoire réussie d’un canard jazzophile qui plaque tout après s’être fait largué par sa copine… Dans « Bulles et nacelle », sous-titré « les aventures de Charlie la souris ou les vicissitudes du muridé solitaire », le héros est cette fois une souris, Charlie, fan de Django Reinhardt, écrivain en mal d’inspiration et surtout doux rêveur qui paradoxalement semble se complaire dans une solitude qui lui pèse.
Si « Betty Blues » vous avait séduit, ce nouvel album de Renaud Dillies devrait vous faire le même effet: les planches au style suranné sont superbes et les personnages – tous représentés sous formes d’animaux variés tendance cartoon – sont attachants dans leurs défauts et leurs erreurs. En suivant la quête initiatique de Charlie qui tente de trouver sa place parmi les autres, « Bulles & Nacelle » nous fait en effet vagabonder au gré de ses rencontres et de ses pérégrinations réelles ou imaginaires: un tour plus long que prévu dans une nacelle de la grande-roue, un petit oiseau bleu prénommé Solitude, une soirée de carnaval agitée… A partir d’une intrigue très simple, la petite souris fragile, qui ne cesse de douter, évolue dans une ambiance onirique et mélancolique pleine de sensibilité.
En fait avec « Bulles & Nacelle », c’est un peu comme si on parcourait une poésie illustrée. C’est aussi un peu comme si Dillies lui-même nous offrait un peu de son intimité et de ses propres questionnements d’artiste: doit-on être seul pour créer et l’oeuvre produite vaut-elle ce sacrifice? L’art est-il utile? et la finalité d’oeuvre ne serait-elle pas simplement de rendre les choses plus jolies, même l’espace d’un moment? Visiblement en tout cas, l’auteur lillois a trouvé des réponses et l’inspiration.
– Dargaud
