BOXEURS & SAINTS

L’histoire en deux volets des destins croisés de Bao et Vibiana, un jeune paysan qui devient leader de la société secrète des Poings de la justice et de la concorde et une petite Chinoise qui se convertit au christianisme. Captivant.

D’un côté, il y a « Boxeurs » dans lequel Bao, un jeune Chinois fan de théâtre et de kung-fu, finit par combattre l’armée britannique. De l’autre, il y a « Saints » où l’on suit l’histoire d’une jeune fille nommée « la quatrième » qui se convertit au christianisme, prend le nom de Vibiana et quitte sa famille pour suivre un missionnaire dans un orphelinat chrétien. 

Présenté par Delcourt comme « un roman graphique d’un genre nouveau » parce qu’il est publié directement en deux volumes de 330 et 174 pages, « Boxeurs & Saints » n’est pas que cela. C’est surtout le récit passionnant d’un épisode violent de la Chine de la fin du XIXe siècle selon deux points de vue différents: la révolte des Boxeurs, fomentée par la société secrète des Poings de la justice et de la concorde. Composée surtout d’ouvriers agricoles affamés et d’artisans ruinés rompus aux arts martiaux et portés par un élan nationaliste et xénophobe, celle-ci prit les armes contre les colons étrangers et le pouvoir féodal de la dynastie Qing qui gouvernait alors la Chine. Bilan: près de 30.000 Chinois chrétiens et une centaine d’Européens assassinés, des milliers de Boxeurs décapités et la victoire des huit nations alliées contre la Chine (Autriche-Hongrie, France, Allemagne, Italie, Japon, Russie, Royaume-Uni et États-Unis).

Mais le propos de « Boxeurs & Saints » n’est pas de raconter l’événement historique en tant que tel. Profondément empreint de mysticisme, chacun des deux volets du diptyque s’attache davantage à montrer deux idéaux opposés, les désillusions et les atrocités dans les deux camps. Le tout sans pathos mais avec beaucoup d’émotion. Si le conflit est violent, les couleurs sont douces et le traitement différent selon le volet: dans les tons marrons avec des touches de jaune doré lorsque Jeanne d’arc apparaît à Vibiana pour « Saints », à peine plus coloré pour « Boxeurs » sauf lorsqu’interviennent les divinités chinoises aux masques chatoyants autour de Bao. Gene Luen Yang, auteur du déjà très réussi « American Born Chinese », continue de construire ses oeuvres autour de thèmes qui lui sont chers – la mythologie chinoise, le racisme, le choc des cultures et l’identité – et il le fait avec talent.

Dessin et scénario: Gene Luen Yang – Editeur: Delcourt, collection Outsider – Prix: 29,95 euros.

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