BOBI

Etonnante plongée dans l’imaginaire d’un dessinateur en plein exercice de création. Pour le plaisir des yeux.

Attablé à la terrasse d’un café, un dessinateur tente une expérience : laisser courir la mine de son stylo sur son carnet, improviser des dessins sans réfléchir. Et de cette expérience naît un drôle de personnage, Bobi, qu’il dessine dans toutes sortes de positions, dans d’étranges décors et avec des accessoires bizarres. Pour l’artiste, cela ne peut vouloir dire qu’une chose : Bobi cherche à lui dire quelque chose.

Que voilà un album étrange ! L’histoire n’en est pas vraiment une et au moment où l’on a l’impression qu’une intrigue est tout de même en train de se construire (lorsque le dessinateur se rend compte de la première incursion de Bobi dans la réalité sous les traits d’une dame obèse), c’est dans un nouveau délire que nous emporte aussitôt l’auteur.

On ouvre l’album comme on ouvrirait le carnet de croquis du dessinateur en pleine recherche graphique autour d’un personnage – différentes postures, différents habits, etc – avant de se lancer dans le scénario. C’est en fait comme si le lecteur était invité à entrevoir ce moment privilégié dans le processus de création.
Le résultat est très ludique, on apprécie de se promener ainsi dans l’imaginaire fou de l’auteur qui outre le fameux Bobi s’essaye aux arbres-squelettes ou au bestiaire monstrueux. Un dessin quelconque n’aurait pas donné autant de force à l’album évidemment. Mais la finesse du trait de Bess (le dessinateur du « Lama Blanc » avec Jodorowsky), sa maîtrise de l’anatomie humaine et l’expressivité des visages donnent des croquis superbes.

Après « Escondida » en 1998, son premier album français en solo dans lequel il nous emmenait dans une dérive poétique et surréaliste où se croisaient des cailloux qui parlent, des moutons philosophes et des figuiers blagueurs, Georges Bess revient donc avec un album tout aussi original.

Casterman

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