ADIEU, MAMAN

Le difficile travail de deuil d’un petit garçon après la mort de sa mère. Un récit tragique et poignant.

« Adieu, maman » fait partie des premiers romans graphiques de la collection qu’Actes Sud lance en ce début d’année. D’abord édité sous la forme d’une série, l’album est ensuite paru en album chez Dark Horse Comics sous le titre original « Mother, come home ». Thomas a 7 ans et vient de perdre sa maman, malade d’un cancer. D’elle, il conserve précieusement un masque de lionceau qu’elle lui avait offert avant sa mort et qu’il portera tout au long de l’histoire pour raconter sa détresse et celle de son père.

Plutôt qu’un récit sur la mort, « Adieu, maman » est le récit de l’absence. L’absence d’une mère, d’une épouse mais aussi finalement l’absence d’un père qui, en pleine dépression, se détache du monde extérieur y compris de son propre fils. Le masque de lion que revêt Thomas dès qu’il le peut est un symbole de mémoire mais surtout un bouclier contre l’acceptation de la réalité. Quand il est lion, le petit garçon pénètre dans un monde où sa mère n’est pas vraiment partie, il s’occupe des lieux qu’elle avait l’habitude de fréquenter, entretient un jardin. Même si ce jardin dépérit et que la réalité essaye de le rattraper au tournant, il continue tant bien que mal à s’accrocher à son univers. Privilège de l’enfance sans doute, car son père lui n’y parvient pas. Comme il n’a pu sauver le jardin, Thomas ne parviendra d’ailleurs pas à sortir son père de sa prison de douleur et de culpabilité.

Un récit poignant au rythme volontairement lent et ponctué de silences qui fait ressortir le tragique de la situation. Sur le plan narratif, Paul Hornschemeier oscille entre des dialogues de la vie quotidienne et des monologues abstraits, entre des épisodes réalistes et d’autres qui le sont beaucoup moins, selon que ses personnages décident ou non d’affronter la réalité. Le tout, dans un style très proche d’un Chris Ware, tant par le dessin que par le découpage des cases très géométrique et la palette de couleurs mates utilisée, d’où se détache surtout le masque éclatant du lion.

Actes Sud

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