ADAM AU CHROMALAND – Tome 1. Le musée de l’imaginaire

Un jeune humain part au secours du pays de l’imaginaire menacé de destruction. Un bel hommage à l’Art mais qui a malheureusement du mal à captiver.

A elle seule, la couverture exprime parfaitement ce qu’on trouve à l’intérieur. « Adam au Chromaland » c’est un mélange de couleurs et de formes improbables, un méli-mélo de références artistiques que l’amateur d’art s’amusera à reconnaître: « Guernica » de Picasso, « Les montres molles  » de Dali, « Le fils de l’homme » de Magritte, « La jeune fille à la perle » de Vermeer, etc… Bienvenue dans l’imaginaire coloré de deux auteurs: Chromaland est un drôle de pays, une mosaïque composée de tous les imaginaires des hommes. Mais la princesse Bianca, future héritière du royaume, est enlevée par le prince Grise dont le but est de monter sur le trône et réduire Chromaland à un monde éteint, vidé de tout imaginaire. Seul un humain insensible à la magie de Grise car issu de la réalité pourrait sauver le pays.

Après le très bon « Smoke », une BD d’espionnage parue chez Delcourt pour lequel elle s’était peut-être inspirée de ses parents (une mère à la CIA et un père à la National Security Agency!), Alex De Campi nous plonge cette fois dans une histoire fantastique, un univers onirique complètement fou. Des réminiscences de ses cours d’histoire de l’art à l’université? Très certainement car l’art est au coeur de cet album. De Zazie, la petite danseuse sortie de l’imagination de Degas à Van Gogh à l’oreille bandée, en passant par « Le Cri » de Munch ou les paysans de Bruegel, ce sont une bonne cinquantaine d’oeuvres d’art qui passent à un moment ou à un autre dans une case de l’album.

Di Giammarino a joué le jeu et dessiné certaines cases à la manière d’un peintre particulier, à l’instar de Gradimir Smudja dans « Le bordel des muses ». A ce titre, « Adam au Chromaland » possède d’ailleurs une valeur pédagogique indéniable d’autant que les oeuvres et les artistes rencontrés dans les planches se retrouvent listés en fin d’album.

Reste qu’il ne suffit pas de créer un univers fantastique pour avoir un bon scénario. L’idée de faire vivre et bouger des tableaux, à défaut d’être nouvelle, est intéressante et les auteurs n’hésitent pas à malmener parfois ces chefs d’oeuvre avec beaucoup d’humour: ce pauvre Marat sortant de sa baignoire avec son petit canard en plastique n’a rien à envier par exemple à la Madone des Cerises transformée pour l’occasion en assistante maternelle!

Mais les ingrédients de l’intrigue – un royaume imaginaire à sauver, une gentille princesse, un méchant vaniteux et avide de pouvoir, un jeune héros plutôt courageux – sont bien peu originaux et donnent une tournure très enfantine à cet album dans lequel on a du mal à entrer et qui ressemble finalement surtout à un gros gâteau trop sucré, trop coloré et trop bourratif.

Les Humanoïdes Associés

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