« On a chopé la puberté » crée la polémique

Le livre jeunesse a suscité le lancement d’une pétition pour dénoncer son contenu sexiste. Environ 80.000 personnes l’ont déjà signée.

Paru le 7 février 2018, « On a chopé la puberté » est selon Milan Jeunesse « un ouvrage documentaire pour être bien dans son corps et bien dans sa tête dans une période qui met un peu, beaucoup sens dessus dessous ». Mais pour le coup, c’est surtout le livre qui a mis pas mal de monde sens dessus dessous… Signé pour les illustrations d’Anne Guillard et pour les textes de Mélissa Conté Grimard et Séverine Clochard, cet ouvrage pratique à destination des petites filles a provoqué la colère du collectif féministe The Nasty Uterus lui reprochant notamment sur Facebook la sexualisation des enfants, la culpabilisation des filles, le manque de diversité des personnages et un cumul de stéréotypes.

Une pétition lancée le 2 mars 2018 et soutenue par la dessinatrice Emma (« Un autre regard ») avait déjà enregistré plus de 28.000 signatures en quatre heures. Le lendemain, près de 80.000 personnages l’avaient signée. « A l’âge où les jeunes filles se construisent et à travers ce type d’ouvrage, la société leur fait comprendre qu’elles sont à disposition sexuelle, qu’on peut les juger sur leur physique et qu’elles doivent masquer leur corps. Ça leur apprend aussi qu’attirer les garçons grâce à leur poitrine naissante « c’est cool ». Nous sommes contre ces clichés et l’image dégradante que cela véhicule des femmes. Nous voulons éduquer nos enfants sur des valeurs d’équité, de dignité et de respect », explique la pétition qui réclame le retrait d' »On a chopé la puberté » du marché et les excuses des éditions Milan.

Pour tenter de calmer la polémique, l’éditeur a déclaré sur son blog: « C’est un ouvrage documentaire au ton volontairement décalé et humoristique destiné à dédramatiser une période souvent difficile à vivre à l’adolescence ». Milan a fait aussi parvenir à Livres Hebdo une explication de l’une des auteures: « Il faut entendre et répondre [aux] questions [des jeunes filles] tout en essayant de désamorcer les clichés (…). Ne pas avoir honte de son corps est essentiel pour l’estime de soi des filles et
plus tard des femmes. C’est une brique fondatrice dans la construction de leur confiance en elles. C’est grâce à cette confiance inébranlable en elles mêmes qu’elles pourront lutter contre le sexisme et les stéréotypes de genre. »

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