Le premier « Secret de la Licorne » dans « Le Soir »

Née dans « Le Soir » contrôlé par les Allemands, cette aventure de Tintin est de nouveau publiée dans le quotidien belge dans sa version originale.

Après de nombreuses rééditions, « Le secret de la Licorne » retrouve son aspect original dans les pages du quotidien belge Le Soir, celui-là même qui avait accueilli cette aventure de Tintin à partir de 1942 alors qu’il était controlé par les nazis.

A l’origine, « Le secret de la Licorne » paraît en noir et blanc en ministrips quotidiens d’une quinzaine de centimètres de long du fait des restrictions de papier. Dans cette aventure,Tintin accompagne le Capitaine Haddock sur les traces de son glorieux ancêtre, le chevalier François de Hadoque. Après avoir offert au Capitaine Haddock le modèle réduit d’un bateau qui se révèle être la réplique de celui de l’ancêtre du Capitaine, Tintin découvre dans le mât un parchemin mystérieux. C’est le début d’une folle course au trésor qui entraînera nos héros à la recherche d’autres indices afin de reconstituer une mystérieuse carte au trésor.
En 1943, Hergé devra remonter toutes les pages pour la parution en album chez Casterman. Des scènes ont été recadrées, des dialogues réécrits et même certains passages supprimés. Au total, selon Le Soir, Hergé aura apporté plus de 130 modifications au récit paru entre le 11 juin 1942 et le 14 janvier 1943, sans compter que l’aventure passe du noir et blanc à la couleur.

Ce sont donc les planches avant modification que Le Soir a commencé à faire découvrir à ses lecteurs ce vendredi 10 septembre et pour 58 jours. Des exemplaires qui deviendront peut-être collector… Comme le rappelle le quotidien belge, les carnets pirates des strips inédits découpés à la lame de rasoir dans les pages du Soir « volé » (c’est ainsi que le quotidien actuel se définit pendant sa période d’occupation) ne s’arrachaient-ils pas jusqu’ici à prix d’or ?

Intéressante pour les tintinophiles, cette réédition a également une dimension plus politique. A La Libération, Hergé avait été arrêté ainsi qu’autres journalistes du Soir pour avoir collaboré avec l’ennemi. En 1945, l’auditeur militaire avait toutefois jugé les dessins d’Hergé « particulièrement anodins » et classé son dossier sans suite. Il est vrai que le dessinateurs avait soigneusement évité de faire transpirer la réalité dans ses récits.

Voir le dossier du Soir consacré à Hergé et sa période dans le quotidien « volé »

Share