Jean-Pierre Pécau: « Un monde apocalyptique crédible »

Dans un monde où la grippe aviaire a emporté les trois-quarts de la population, un homme va parcourir le monde à la recherche de la rédemption. Son scénariste Jean-Pierre Pécau souhaitait que « Soleil froid » soit réaliste. C’est gagné et ce qui rend peut-être cette série d’anticipation aussi attachante.

« Soleil froid » imagine un monde où les trois quarts de la population ont été emportés par la grippe aviaire. Quel a été le déclencheur de cette histoire: le rapport de l’OMS sur cette maladie ou l’envie d’écrire sur un monde apocalyptique ?
Jean-Pierre Pécau. L’envie d’écrire sur un monde apocalyptique. Ensuite, il fallait trouver une raison épidémique et le rapport de l’OMS m’est tombé sous les yeux. Je n’avais pas envie d’un cataclysme spectaculaire. La fin du monde peut arriver sans qu’on s’en rende bien compte. D’ailleurs, ça a peut-être déjà commencé, quelque part, un virus qui mute…

Ce choix rend l’histoire beaucoup plus crédible que « Walking dead » par exemple. Avez-vous justement cherché à être le plus crédible possible ? Est-ce le meilleur moyen de réellement placer le lecteur à la place de votre héros ?
J.-P.P. Oui, indubitablement, je voulais être crédible. D’ailleurs, depuis la sortie de l’album, la référence à « Walking dead » revient souvent. J’adore cette série télévisée mais ça n’a aucun rapport puisqu’il n’y a pas l’ombre d’un zombie dans « Soleil froid » (sourire).

Comme souvent dans ce type de monde apocalyptique, le danger vient autant des survivants que du fléau. Est-ce difficile d’imaginer la réaction de personnes confrontées à ce type d’évènement extraordinaire ?
J.-P.P. Dans le cas présent, le fléau est passé. Hormis dans les flash-back, il n’y a plus de danger de ce côté-là. Mais l’homme est un loup pour l’homme, et le mince verni de civilisation ayant sauté, le monde revient à la sauvagerie.

Votre héros Jan semble à la recherche d’une certaine rédemption. N’est-ce pas finalement le sujet de « Soleil froid »​?
J.-P.P. Exactement ! Le héros a fait une faute et va chercher à se racheter. Notre monde a fait une faute – le développement anarchique, la destruction de notre écologie,… et nous allons devoir un jour ou l’autre nous racheter. Et ça ne va pas forcément être une partie de plaisir !

Si l’ambiance générale rappelle « Walking dead », les dernières pages rendent hommage à « Mad Max »…
J.-P.P. 
Plus « Mad Max » que « Walking dead ». Je citerai aussi « Lord Jim » de Joseph Conrad pour le héros et, tant qu’à se référer à des monuments de la littérature, « La Route » de Cormac McCarthy. Mais c’est une fourmi qui se compare à deux éléphants !

Après ce premier tome, on imagine de nombreuses possibilités pour faire durer la série. Qu’est-ce qui est prévu en termes de tomes et/ou de cycles ?
J.-P.P. Deux tomes sont prévus et une suite ne sera envisageable qu’en cas de succès. Il faut donc que les amateurs achètent plusieurs tomes (sourire) car on a encore plein de choses à raconter. Malheureusement, ce ne sont plus les auteurs qui décident mais le marché…

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

« Soleil froid », Tome 1 « H5N4 » de Jean-Pierre Pécau et Damien. Delcourt. 14,50 euros.

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