Jean-Christophe Menu répond à ses salariés

Face à la grève du personnel de L’Association suite aux licenciements annoncés, son directeur éditorial s’explique dans un communiqué.

Suite à l’annonce de la suppression dès février 2011 de trois ou quatre postes sur les sept actuels, le personnel de L’Association s’était mis en grève le 10 janvier dernier, dénonçant notamment l’absence de dialogue avec la direction. Depuis, le conflit s’est enlisé. Dans un très long communiqué diffusé cette semaine et intitulé « Quel avenir pour L’Association? Commentaire sur la grève des salariés », Jean-Christophe Menu, fondateur et directeur éditorial de la maison d’édition, livre sa version des évènements. Face aux difficultés financières traversées (« un temps masquées par le succès exceptionnel des ouvrages de Marjane Satrapi qui ont permis à L’Association de vivre quelques années dans l’opulence : embauches généreuses, primes exceptionnelles aux salariés, augmentation des parutions, livres difficiles, fabrications luxueuses, etc… »), l’éditeur a d’abord diminué la production en 2010 puis envisagé dès le début 2010 la réduction des effectifs. Il rappelle d’ailleurs que « disposant du salaire le plus important, (il s’est) fait licencier par le Bureau dès mars 2010 ».

« C’est la soudaine concrétisation de l’annonce de ces suppressions d’emploi qui a provoqué la colère des salariés » écrit Jean-Christophe Menu dans le communiqué, regrettant que « l’équipe se sent(e) soudée dans une sorte de projection mentale de coopérative auto-gérée, qui n’en est pas une ». Et de juger également le communiqué du 10 janvier des grévistes « calomnieux » et « injuste » et la pétition lancée « malhonnête »: à cause de son intitulé – “Longue vie à L’Association” – « la plupart des signataires croient sauver une structure en péril, ou combattre une injustice ».

Jean-Christophe Menu évoque ensuite une tentative de « putsch », Killoffer, Lewis Trondheim et David B, « fondateurs démissionnaires de L’Association »,ayant réclamé avec les grévistes via un recommandé une assemblée générale. « Une connivence salariés / ex-fondateurs et une tentative pour m’écarter de la structure semble, à ce stade, fortement crainte » précise-t-il.

Le directeur éditorial poursuit son communiqué en détaillant les différentes actions des grévistes, notamment lors du festival d’Angoulême, jusqu’à une réunion avec l’experte-comptable et l’équipe salariale qui aboutit au gel des licenciements, à une AG fixée au 5 mars 2011 et à une levée de la grève le 9 février.

Menu s’estime « choqué » par la rencontre avec les salariés le lendemain qui lui demandent « de reconstituer un comité éditorial exécutif (pas même un comité de lecture, mais un comité où les projets seraient soumis au vote). Je m’élève contre cette idée : c’est la première fois que les Salariés s’avancent sur le terrain de l’éditorial ». Il se déclare « atterré » ensuite en découvrant le nouveau communiqué des salariés « encore plus vindicatif que celui de l’annonce de la mise en grève »: « j’aurais déclaré que la décision des licenciements émanait d’une nécessité “philosophique”. (…) Visiblement, si la grève est levée, la guerre ne l’est pas. « 

Amèrement, le directeur éditorial constate alors: « l’éternel problème de L’Association a toujours été de mélanger le professionnel et l’affectif (et d’ignorer le juridique). Cette confusion, qui a fait une grande partie de son charme et de son anti-conformisme (mais aussi la source de sa longue série de querelles) devient l’essentiel de ce qui la menace aujourd’hui. » Et de conclure: « Patron, je ne l’ai jamais été, et je ne le serai jamais. Seuls m’intéressent les auteurs, les livres, et le catalogue, et je continuerai quoi qu’il en soit à faire vivre cette structure inimitable, dont je revendique le projet de base, l’histoire, et l’avenir, et qui s’appelle L’Association. »

Le « commentaire  » de Jean-Christophe Menu est consultable dans son intégralité à cette adresse: bit.ly/bandelettes

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